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23:00| | Prédications | Sandrine Landeau et Bruno Gérard

Méditation (Sandrine)

Parole d’Esaïe

Je ne suis pas plus stupide que vous. A mon époque comme à la vôtre, cette vision idyllique de paix est bien loin de se réaliser. A mon époque comme à la vôtre, et peut-être à votre époque plus encore qu’à la mienne, la violence règne. Des hommes, des femmes et des enfants sont maltraité.es, déshumanisé.es par la violence à leur égard. La guerre et les conflits jettent des personnes de tous les âges sur les routes. Des enfants, des femmes et des hommes vivent dans la misère, tout près de vous, tout près de moi, pendant que – tout près aussi – d’autres enfants, d’autres femmes, d’autres hommes, ont tellement de tout en trop qu’ils ne savent plus comment utiliser leurs richesses. Dans leur égarement, ils entraînent l’humanité dans une course folle du « toujours plus, sans limite » qui la mène vers le mur de la mort.

Je ne suis pas plus stupide que vous. Je sais tout cela. Je le sais et pourtant je vous transmets cette vision que vous trouvez peut-être un peu naïve. Moi aussi pour tout vous dire. Et pourtant elle m’est chère cette vision. Je ne sais pas d’où elle me vient, ou plutôt si je le sais mais à votre époque cela devient difficile à dire. Elle me vient de Dieu. Vous allez peut-être penser que je suis arrogant de prétendre recevoir directement des visions de Dieu. Mais je vous assure que je ne me prends pas pour quelqu’un de meilleur que vous, et que vous aussi, si vous écoutez bien, tout au fond de vous, une voix essaie de se faire entendre, une source murmure, un amour cherche à jaillir.

Vous allez peut-être penser aussi que je suis fou. Peut-être bien. Peut-être qu’il est fou de faire confiance à un amour qui me dépasse et nous dépasse tous, à un élan de vie qui m’entraîne et nous entraîne tous. Cette folie-là, permettez-moi de la revendiquer.

Quoiqu’il en soit, depuis que je me suis réveillé un jour avec cette vision, elle ne me quitte plus. Pourtant cette vision ne me console de rien. Elle ne calme ni ma colère contre les injustices, ni mon anxiété devant le futur prévisible. Au contraire, elle rend encore plus visibles à mes mes yeux ces injustices et ces absurdités. Je ne peux plus ne pas les voir. Je ne peux plus fermer les yeux et faire comme si je ne savais pas.

Et curieusement cela ne me décourage pas, cela ne me mène pas au désespoir, mais à l’action et à l’espérance. D’abord parce qu’avec cette vision au fond de mon cœur, mon regard a changé et je détecte plus et mieux autour de moi les germes du monde annoncé par cette vision, je reconnais mieux les artisan.es de paix, les doux, les humbles de cœur, les miséricordieux.ses, les coeurs purs.

Et ensuite parce que cette vision nourrit et désaltère mon envie de lutter contre les injustices, mon besoin de retrouver du sens à notre vie en société et de voir se rouvrir un à-venir possible. Avec cette vision au cœur, je reste debout dans la tempête, et j’exhorte sans faillir mes contemporain.es à faire de même, à ouvrir leurs yeux, à se tourner vers cet à-venir désirable et à en chercher les traces déjà là, pour qu’ensemble nous puissions en vivre quelque chose déjà ici et maintenant.

Je me suis laissé dire qu’entre mon époque et la vôtre un enfant est né, et qu’il a  donné à sentir, à goûter, à effleurer quelque chose de l’ordre de cette paix et de cette justice que je n’ai fait qu’entrapercevoir. Qu’il est venu dire que cette paix et cette justice ne sont pas à gagner mais à recevoir et à cultiver.

Alors j’espère qu’à votre époque on sait mieux qu’à la mienne déceler les traces de cette paix et de cette justice pour en prendre soin et les regarder fleurir.

Amen

Méditation (Sandrine)

Parole d’Elisabeth

Vous vous demandez peut-être pourquoi j’ai caché ma grossesse pendant plusieurs mois ? Pour vous le dire en quelques mots, parce qu’il faut parfois protéger l’espérance.

Ce que j’ai voulu garder un moment pour moi, ce n’est pas tant le fait qu’un enfant grandissait dans mon ventre, mais le fait de retrouver l’envie de vivre et de faire confiance à Dieu. Parce que cet élan là était si fragile que je sentais qu’il fallait le préserver, le protéger jusqu’à ce qu’il soit assez fort.

Le protéger contre quoi ? Contre toutes ces voix qui savent mieux que vous, toutes ces voix qui ont un avis sur votre vie, toutes ces voix intérieures et extérieures qui vous disent de vous méfier, de vous protéger pour ne pas être déçue, qui vous supplient de vous blinder contre les malheurs… et vous empêchent de vivre les joies.

Moi, j’avais déjà eu mon lot de voix intérieures et extérieures pendant toutes ces années où mon Zacharie et moi on a espéré accueillir un enfant dans notre famille : toutes ces interrogations pour savoir de qui c’est la faute – évidemment celle de la femme à mon époque, mais pour quelle faute qu’elle ou ses parents ont commise –, tous ces calculs pour identifier les périodes où essayer de tomber enceinte, ces recherches de la tisane miraculeuse qui ouvrirait mon corps à une vie nouvelle, les adresses de rebouteux, les injonctions à revisiter mon histoire familiale et mon attitude dans la vie pour libérer ma fertilité, je vous en passe et des plus douloureux et coûteux !

Bref, quand au moment où mon Zacharie et moi on n’espérait plus rien, où on avait cessé de chercher des raisons, des explications, je me suis retrouvée enceinte, je n’avais qu’une envie : partir loin du brouhaha des paroles creuses, plus ou moins faussement bienveillantes ou carrément jugeantes. J’avais besoin d’être seule. Seule pour sentir germer en moi cette nouvelle espérance, seule pour laisser grandir ce qui voulait naître de moi, seule pour m’ouvrir à cet inattendu de Dieu dans ma vie, seule pour goûter à la joie. J’avais besoin de ce temps de retrait pour que ce qui naissait en moi, de moi, soit bien enraciné avant d’aller à la rencontre du monde comme il est. J’avais besoin de protéger cette espérance à la fois fragile et puissante pendant un temps suffisant pour que nous nous soyons habituées l’une à l’autre. Ce temps de retrait a été pour moi un temps de transformation. Vous savez, comme la chenille qui se retire dans son cocon et qui en sort papillon. J’ai appris à écouter en moi un murmure qui jusque là était étouffé, j’ai découvert que mon regard changeait sur ce qui m’entourait.

C’est ainsi que le jour où ma toute jeune cousine Marie est arrivée, radieuse et essoufflée, j’ai su tout de suite qu’elle aussi était enceinte, comme une évidence. Tout comme c’était une évidence que cette naissance était une bonne nouvelle non seulement pour elle, mais aussi pour moi, pour vous, et pour chaque être humain.

Mon temps de retrait et de connexion à Celui qui est la source de la vie m’avait changée oui. Avant ça, la honte et la tristesse m’habitaient tellement que c’est elles qui prenaient la parole quand j’ouvrais la bouche. Mais là, grosse d’une promesse qui en annonçait une plus belle encore, c’était la joie et la vie qui prenaient la parole quand j’ouvrais la bouche, que ce soit pour accueillir Marie la jeune fille mère que j’aurais dû rejeter, ou pour donner un prénom inhabituel à mon fils.

Quand Dieu œuvre en nous, des chemins impossibles deviennent possibles : retrouver une dignité, une parole, un envie de vivre et d’agir. C’est tout ce que je vous souhaite en cette nuit de Noël.

Amen

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