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10:00| | Prédications | Bruno Gérard

- Et moi je te dis qu'il me parle toujours en premier.

- Évidemment parce que tu ne comprends jamais rien alors il commence par toi

- Mais après c'est à moi qu'il s'adresse

- Le plus important c'est son regard et il arrête le sien toujours plus longtemps sur moi.

- J'ai déjà chassé 17 esprits impurs, qui dit mieux ?

- Continuez vos disputes ...de toute manière. Je suis la pierre sur laquelle, il bâtira son Église.

 Et bla bla bla !

 Cette reconstitution imaginaire de cette dispute entre les disciples sur les chemins de Galilée souligne le comique et tragique de la situation ...

 Comique, car le motif de la dispute est tellement dérisoire, quel est le plus grand ? ... D'ailleurs grand en quoi, en taille, en sagesse, en audace, en cuisine !

La mesure d'un homme, d'une femme est tellement relative et il faut déjà établir sur quoi l'on compare.

Ce dialogue demeure absurde et décalé.

 Comique aussi parce qu'il nous renvoie à nos propres préoccupations de grandeurs ! Vous savez ces petits débats internes et douteux qu'il nous arrive de mener quand nous comparons la taille de notre voiture, les performances de notre smartphone ... et bla bla. Il vaut mieux d'ailleurs accueillir cette part de nous-même avec bienveillance et humour pour tenter de la canaliser.

 Pourtant, cette dispute des disciples relève aussi du tragique, car elle décrit leurs réactions devant l'annonce par Jésus, de sa mort et de sa résurrection.

 En effet, le passage que nous avons partagé ce matin fait suite à l'enseignement de Jésus. Il vient de s'écarter de la foule avec ses disciples pour échanger en privé :

 30 Partis de là, ils traversaient la Galilée et Jésus ne voulait pas qu’on le sache. 

31Car il enseignait ses disciples et leur disait : « Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, lorsqu’il aura été tué, trois jours après il ressuscitera. » 

32Mais ils ne comprenaient pas cette parole et craignaient de l’interroger.

 Mis à l'écart de la pression de la foule, le groupe constitué des disciples et de Jésus va donc vivre un temps à part. La narration évangélique nous permet de le partager, immergés dans l'intimité de cette petite congrégation.

Soulignons notre privilège de ne pas être mis à l'écart comme la foule.

Cette position d'observateur, observatrice de ce moment de vie des disciples et de leur maître nous permet un décalage. Un décalage pour décortiquer la dynamique de ce moment :

 Les lieux : Chemin de Galilée direction Capharnaüm puis maison

Indication de temps assez vague, nous sommes dans la suite de la guérison spectaculaire d'un enfant.

 Structure narrative :

Introduction :

Annonce de sa mort et résurrection par Jésus lui-même

 Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, lorsqu’il aura été tué, trois jours après il ressuscitera. 

 Première séquence :

Interrogation de Jésus sur le sujet de leur querelle

De quoi discutiez-vous en chemin ? 

et enseignement sur le premier qui devra être le serviteur de tous

 Deuxième séquence :

Problématique des exorcistes qui ne font pas partis du cénacle des disciples

et enseignement de Jésus sur la légitimité et les responsabilités de celui ou celle qui agit en son nom.

Suivi de mises en garde sévère.

 Cette structure décortiquée, nous pouvons formuler une première constatation, l'annonce de la mort et de la résurrection de Jésus reste sans échos. Elle ne suscite que replis et désintérêt.

Pire encore, le texte rapporte que les disciples font la sourde oreille.

 Nous pouvons les comprendre. Jésus leur annonce la terrible nouvelle de sa mort cruelle. Devant une telle mauvaise nouvelle les disciples esquivent et passent bien vite à autre chose : le retour au quotidien et aux petites querelles.

C'est tellement humain !

 Leur maître, leur ami ... Celui en qui ils ont mis tellement d'espérance annonce qu'il va mourir ! Alors bien entendu, ils tentent d'occulter la mauvaise nouvelle et regarde ailleurs.

 Leur stratégie d'évitement consiste premièrement à se quereller ... et deuxièmement à changer brutalement de sujet.

Dimanche dernier, le pasteur Emmanuel Roland a de cette chaire, illuminé le passage de la querelle et du premier qui doit être serviteur de tous.

 Prenons pour aujourd'hui la réaction de Jean :

Maître, nous avons vu un homme qui chasse les démons en ton nom et qui ne nous suit pas, et nous l'en avons empêché, parce qu'il ne nous suit pas.

 La réaction de Jean est surprenante ... Il doit être agacé par le leçon reçue de Jésus. Peut-être, la prend-il pour lui-même et il se sent mal à l'aise d'avoir voulu être le premier. Il va donc tenter de changer le cours de la discussion pour l'orienter vers ce qu'il pense être un ennemi commun : cet exorciste anonyme.

 Malheureusement pour lui, ce n'était pas une bonne idée car Jésus va renverser la situation et va prendre Jean à contre-pied.

 Un personnage anonyme pratique donc des exorcismes et les disciples sont venus l'en empêcher ... car il ne les suit pas eux les disciples !

Scandale ! Les disciples ne tolèrent pas un tel abus.

 L'impétrant pratique des exorcismes au nom de Jésus mais ne les suit pas, eux les disciples. Cherchez l'erreur. Jusqu'à preuve du contraire c'est Jésus que l'on suit et non pas les disciples. Ces derniers voudraient-ils s'arroger le monopole de l'usage du nom de Jésus.

 Pauvre Jean qui souhaite changer de sujet ... il en est pour ses frais car il va être pris à contre-pied et recevoir une nouvelle leçon.

Jésus préconise l'ouverture ... : Ne l'en empêchez pas, car il n'est personne qui fasse un miracle en mon nom et puisse aussitôt après parler mal de moi.

 Jésus trace ici les contours d'une communauté conquérante et dynamique qui souhaite intégrer le plus largement possible. Tous ceux, toutes celles qui agissent en son nom sont les bienvenu(e)s et sont accueilli(e)s. Les adversaires sont bien assez nombreux ... alors ceux qui agissent au nom de Jésus participent aussi du royaume.

 Généralement dans une communauté ... il y a deux tendances parmi les membres ! Celles et ceux qui souhaitent accueillir le plus largement possible et celles et ceux qui verrouillent l'entrée.

 La première l'ouverture, permet une attitude conquérante au risque de diluer l'essence du groupe ... la deuxième maintient sa solidité au risque de l'étouffement.

 C'est exactement ce qui se passe dans la communauté des douze autour de leur maître, Jésus ...

Ici l'ouverture pour Marc : Ne l'en empêchez pas, car il n'est personne qui fasse un miracle en mon nom et puisse aussitôt après parler mal de moi.

Mais dans l’Évangile de Matthieu Jésus met une limite à cette ouverture :

12. 30 Qui n’est pas avec moi est contre moi, et qui ne rassemble pas avec moi disperse.

 C'est lui la norme, pas le bon vouloir des disciples ... il faut toujours évaluer à cette norme et faire confiance. Il n'y a aucune raison de s'enfermer dans son « pré-carré ».

Ouvrir

Ouvrir à la simplicité de l'accueil par des gestes de tendresse et bienveillance :

        Geste d'ouvrir ses bras pour y recueillir un petit enfant.

        Risque de la confiance pour reconnaître la pertinence de frères et de sœurs dans le nom du Christ qui autant que moi lui appartiennent.

        Simplicité d'un verre d'eau tendu au nom de Jésus.

Gestes de simplicité qui participent au Royaume en le rendant présent ici et dès maintenant !

Voici le côté lumineux du royaume qui ne va pas sans de sévères avertissements contre les disciples qui seraient tentés de compliquer les choses.

 Nous avons entendu la liste des terribles châtiments qu'encourent celles et ceux qui perturberaient l'accès au verre d’eau, qui n'ouvriraient pas les bras devant un enfant ou qui feraient place net chaque fois que quelqu'un d'extérieur oserait une parole.

Aux vues de la description, se retrouver dans la Géhenne ... ravin proche de Jérusalem, n'a rien d'une promenade d’agrément.

Nul besoin d'y revenir dessus.

 Dans notre époque, où la punition et les châtiments sont heureusement exclus de tout apprentissage, cette fin de discours de Jésus écorche nos oreilles. Son intention était sûrement de piquer au vif ses disciples pour qu'enfin ils se mettent à l'écoute et intègrent peu à peu ce qu'il leur a annoncé sur le chemin :

 « Le Fils de l’homme va être livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, lorsqu’il aura été tué, trois jours après il ressuscitera. » 

 De cette annonce de Jésus, les disciples n'ont sûrement retenu que la première partie : livré-tué ... et ont fermé leurs oreilles et leur être à la deuxième partie : trois jours après il ressuscitera.

Car effectivement, Jésus annonce sa mort mais aussi sa résurrection ...

 Un message qui nous rejoint ce matin, englués que nous sommes dans nos détours, nos craintes et nos angoisses.

Un message radical !

Tout ce qui est difficile dans nos vies,

Nos petites et grandes morts intérieures, n'ont pas le dernier mot.

 Force d'espérance et de joie qui nous tient debout même quand nous traversons les feux de la vallée de la Géhenne.

Saveur d’un verre d'eau offert.

Piquant du sel qui nous rend vivant.

 Amen.

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