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10:00| | Prédications | Bruno Gérard et Sandrine Landeau

« Mesdames et messieurs

Venez le voir

Venez le voir le grand guérisseur de Galilée.

Il redresse les boiteux

Il redonne la vue aux aveugles

Il délie les langues.

Après avoir passé les territoires de Tyr, de Sidon, le voici dans la décapole …

Celui, l’unique qui marche sur les Eaux …

J’ai nommé Jésus, Jésus … le fils de Dieu ».

Voilà ce qu’aurait pu dire le chauffeur de salle du cirque Knie pour introduire Jésus dans les lieux qu’il fréquentait, tellement l’Évangile nous donne l’impression que Jésus était devenu une bête de foire, une attraction, un magicien guérisseur.

Voici ce nous lisons dans l’Évangile quelques versets plus haut : « Ils sortirent de la barque et, aussitôt, on reconnut Jésus. 55 Les gens coururent alors dans toute la région et se mirent à lui apporter les malades sur leurs nattes, là où ils entendaient dire qu'il était. 56 Partout où Jésus allait, dans les villes, les villages ou les fermes, les gens venaient mettre leurs malades sur les places publiques et le suppliaient de les laisser toucher au moins le bord de son manteau ; tous ceux qui le touchaient étaient guéris ».

Waouh

Jésus super-star avant l’heure … Il n’est pas question de foi, il n’est pas question de conversions ici mais juste des gestes mécaniques de guérison. Si les gens viennent à Jésus c’est uniquement pour être guéris … en tout cas voilà comme l’Évangile de Marc nous présente ses gens de la Décapole. L'image n'est pas flatteuse pour ces personnes en attente de miracle.

Finalement, nous pouvons voir notre reflet dans l'attitude de ces habitants de la Décapole un reflet de nos comportements face à Dieu, à Jésus.

En tant de crise, d'urgence, nous avons parfois le réflexe de nous tourner vers la divinité pour demander une intervention miraculeuse.

Face à la maladie, n'attendons-nous pas une guérison rapide, même sans trop y croire ? pour nous-même, pour un proche ?

Cela arrive d’attendre le miracle, l'intervention extraordinaire … même pour des situations banales.

Un jeune homme me disait prier pour avoir une place de parking quand il rentrait en Centre-Ville le soir … cela peut faire sourire … mais nous le faisons toutes et tous pour de motifs plus ou moins louables.

Venez le voir

Venez le voir le grand guérisseur de Galilée

Il redresse les boiteux

Il vous garantit une place de stationnement le vendredi à 19h.

Voilà ce que nous pourrions déclamer sur le parvis de la Cathédrale pour attirer les foules …

Avec de tels agissement pas étonnant que Jésus soupire : « Puis levant son regard vers le ciel, Jésus soupira ». Le soupir de Jésus …

Jésus soupire devant l’humanité en souffrance

Jésus soupire devant l’incrédulité de cette foule qui le pousse à faire des choses qu'il ne souhaite pas !

Jésus soupire devant notre incapacité à comprendre ce qu’il veut nous apporter !

Jésus soupire …

Remontons aux racines de ce soupir, il s’agit du mot stenazein, qui peut être traduit par gémir comme dans Rom 8, 13 : « Elle n'est pas la seule : nous aussi, qui possédons les prémices de l'Esprit, nous gémissons intérieurement, attendant l'adoption, la délivrance pour notre corps ».

Jésus gémit.

Plusieurs hypothèses expliqueraient ce gémissement :

- il s’agit ici d’un rite de guérison comme il s’en pratiquait beaucoup dans ces contrées à l’époque. Un rite parfaitement codifié qui comprenait peut-être des prières, des toucher, des gestes … et des gémissements. Cela n’est pas improbable. Jésus suit un protocole médical. Les gens lui demandent cela. Il s’exécute. Cette hypothèse explique pourquoi ce soupir-gémissement vient au milieu du rite de guérison et pas au début quand on lui amène l’homme.

-  Jésus gémit … car il désespère devant le cas qu’on lui amène. Il désespère d’avoir à demander au Père un nouveau miracle sans contrepartie. Il tente bien de réduire le spectaculaire en s’écartant de la foule pour éviter que la guérison ne devienne spectacle. Cette hypothèse du gémissement de désespoir a le mérite d’expliquer le commandement de garder le silence sur ce qui s’est passé. Pour Jésus, le plus important est la rencontre avec cet homme, pas le miraculeux !

Soupir thérapeutique

Soupir de désespoir

Gémissement rituel

Gémissement de dépit

Il n'est pas évident de statuer. Pourtant ce soupir-gémissement creuse le fossé entre ce que fait Jésus et la réception de ses actes.

En bref, Il y a distorsion et Jésus s'avère incapable de rectifier …

Il ne tente même pas un dialogue. Il s’exécute.

Manque de communication ?

Ce serait un comble pour celui qui fait entendre les sourds et parler les muets !

Pourtant force est de constater que le message ne passe pas, que la communication dérape !

Pourtant Jésus s’emploie à utiliser tous les modes de communication pour faire passer le message.

On (on ne sait pas trop qui), on lui amène ce pauvre bougre sourd et à la parole difficile … La communication orale étant obstruée … Jésus utilise le toucher, le goût.

Le texte devient alors d’une précision incroyable … même pas très agréable pour un dimanche matin : doigts dans les oreilles, crachat, toucher de langue.

Pourtant Jésus a réussi à entrer en communication avec cet homme qui était enfermé dans sa surdité et son mal-parler. Il y a des moments ou quand le verbe ne passe plus, le toucher prend le dessus.

Soulignons cet aspect corporel. L’Évangile se conçoit avant tout comme Parole vivante avons-nous coutume de dire … vrai mais incomplet. L’Évangile nous prend aussi à bras le corps. Ne réduisons pas trop vite la bonne nouvelle. Elle se transmet par d'autres canaux que la parole. Jésus nous rencontre dans notre humanité charnelle même lorsque nous sommes enfermés, liés par nos souffrances !

Et le miracle se produit … :

les oreilles s’ouvrent

la langue se délie … c’est la traduction exact … l’homme est délié, délivré de ses maux et retrouve les mots.

Avec Jésus, il retisse la toile de la communication !

Et les autres, la foule des suiveurs … bon ils ont trouvé leur utilité en amenant le sourd à Jésus ! Pourtant ils n'ont pas su apprécier la saveur de la rencontre avec le maître

Ils ont amené un sourd … remarquez comme c’est cru ! Pas un homme atteint de surdité : un sourd ! Et à la fin du texte, qu’est-ce qu’ils ont retrouvé, un sourd qui entend. Vous voyez le problème. Ils ne bougent pas d’un yota dans leur façon de voir le monde, de communiquer aux autres. Il reste dans leur catégorie, l’homme entend mais il reste le sourd qui entend …

Avec Jésus, ils n'évoluent pas. Ils venaient voir celui qui fait bien les choses, qui fait entendre les sourds et parler les muet ». C’est ce qu’ils ont vu … là aussi, ils n’ont pas avancé d’une encablure. Ils sont restés liés dans leurs a priori, dans leurs petits carcans confortables où toute chose trouve sa place !

Ils sont restés fermés …

Jésus offre un contre-modèle :

Effata, ouvre-toi dit Jésus à l'homme sourd et mal-parlant.

Effata, ouvre-toi nous dit Jésus, quand nos certitudes nous lient.

Effata, ouvre-toi dit Jésus, pour fissurer les murs de nos prisons.

Cette exhortation ne relève pas d'une formule magique et surnaturelle.

C'est la prière de Jésus qui inlassablement se bat pour nous et nous rencontre individuellement

C'est une invitation à ressentir sa présence comme un frôlement d'oreille ou un picotement sur le bout de la langue ...

Amen.

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