Marc 10, 46-52 accueil des nouveaux catéchumènes
La foi, croire en Dieu, ce n’est pas une question de savoir, ce n’est pas non plus une question de tradition, ce n’est pas quelque chose qui appartient aux temps anciens, c’est toujours et d’abord une question de rencontre. Oui la foi c’est une histoire de rencontre ! Entre ce Dieu qui vient toujours nous retrouver là où nous sommes et chacun de nous. Accepter de participer à un groupe de catéchisme, c’est partir à l’aventure, c’est faire un pas vers cette rencontre ! On ne se pas trop où l’on va (Alexis, Emilie… l’ont bien rappelé dans leur témoignage !), mais il faut un peu de curiosité et espérer au fond de soi découvrir de nouveaux horizons. Après tout cela fait deux mille ans que des personnes vivent de cette rencontre avec le Christ ; ils ne doivent pas tous être fous, alors pourquoi ne ferais-tu pas toi aussi cette rencontre ?
Car voyez-vous le Dieu de la Bible est un Dieu qui fit tout à l’envers ! Alors qu’on pense assez naturellement que pour rencontrer Dieu il faut s’élever en quelque sorte au-dessus de notre monde pour trouver Dieu dans le ciel, le Dieu de la Bible nous dit de rester là où nous sommes au cœur de notre monde, car c’est là dans notre vie qu’il vient à notre rencontre.
Une des choses qui met plaît le plus dans la Bible ce sont ces récits de rencontres précisément. C’est pourquoi j’ai choisi pour vous cette histoire de Bartimée que Nora nous a relue ce matin.
Bartimée est aveugle, il est laissé de côté, personne ne fait plus attention à lui. Il vit donc seul et dans l’obscurité ; il est complétement arrêté dans sa vie, il n’a ni présent ni avenir ! On aurait pu imaginer une autre histoire, où Bartimée se débrouille pour aller jusqu’au temple pour prier abondamment Dieu, faire de nombreuses offrandes pour demander sa guérison. Rien de cela dans cette histoire. Bartimée ne bouge pas, ou presque pas ! c’est Jésus qui vient à sa rencontre. Pour que cette rencontre ait lieu entre Jésus et Bartimée, il faut néanmoins deux choses : premièrement que Jésus se déplace, vienne vers Bartimée, croise son chemin et soit attentif à lui, à sa situation. Si Jésus était resté avec les dignitaires religieux confortablement installé dans le Temple, la rencontre n’aurait pas eu lieu ; la rencontre a lieu parce que Jésus se déplace, parce que Jésus ne reste pas enfermé dans je ne sais quel palais. Et ce qui était vrai pour Bartimée l’est encore plus pour nous : la Bible nous fait cette promesse : Dieu n’est pas enfermé dans le ciel ou dans les Eglises : Dieu continue de venir à notre rencontre, il vient vers nous, il nous retrouve là où nous sommes et nous prend souvent par surprise, n’est-ce pas Emilie ?
Mais pour que la rencontre ait lieu il faut certes que Jésus se déplace, il faut encore que Bartimée fasse aussi son petit bout de chemin. Certes c’est Jésus qui fait la plus grande partie du chemin, mais Bartimée a lui aussi un pas décisif à faire. Si Bartimée était resté assis dans son coin, peut-être que Jésus aurait passé tout droit, et il n’y aurait pas eu cette rencontre. Bartimée doit aussi accepter de bouger, et il le fait alors même qu’il n’a aucune idée de ce qui pourra lui arriver, mais il a au fond de lui une forme de curiosité ou de confiance qui l’invite à aller à la rencontre de ce Jésus qui vient vers lui. Après tout il n’a rien à perdre à essayer … pas plus que vous en venant faire du caté ! En prenant « le risque » de rejoindre un tel groupe : vous avez fait un pas de côté, un pas vers cette rencontre. La rencontre aura-t-elle lieu ? Je l’espère, mais ce dont je suis sûr c’est que si nous restons chez nous, si nous ne faisons pas ce petit pas vers Dieu, alors nous risquons bien de passer à côté de quelque chose de grand, de beau, de profond, de quelque chose qui peut changer la vie.
Mais parfois le fait que Jésus vienne à notre rencontre, que nous fassions nous aussi un pas dans sa direction ne suffit pas encore. Regardez toujours l’histoire de Bartimée. Que se passe-t-il lorsque Bartimée veut aller vers Jésus qui vient à sa rencontre ? Ils sont alors nombreux ceux qui cherchent à le faire taire, car il dérange. Cela nous montre qu’il y a parfois des obstacles à franchir pour que cette rencontre puisse avoir lieu. Ces obstacles ils sont de toutes sortes. Dans l’histoire de Bartimée ce sont même de bons croyants qui se réjouissent de la venue de Jésus qui font obstacle entre Bartimée et Jésus. C’est le comble ! On aurait espéré de leur part le contraire. Sans s’en rendre compte ces bons croyants sont eux-mêmes l’obstacle. Je me souviens d’un culte de confirmation que j’avais célébré où les jeunes avaient construit symboliquement un grand mur des préjugés, tous les préjugés qu’ils avaient dû surmonter (L’Eglise c’est pour les vieux, la Bible c’est ringard, on ne peut pas croire à de telles histoires, ce n’est pas scientifique, etc…) pour qu’ils puissent entrer en relation avec ce Dieu d’amour.
Alors voyez-vous le caté ça va être ça : tout faire pour préparer le terrain de la rencontre. Le caté n’est pas là pour dire ce que vous devez croire, ou vous donner des réponses définitives sur les grandes questions mais pour vous aider à travers cette rencontre à voir peut-être le monde et votre vie un peu différemment, avec un regard nouveau. Car qu’est-ce que provoque la rencontre chez Bartimée ? Il va pouvoir voir, avoir un nouveau regard.
L’année 2020 restera sans nul doute dans les annales, avec ce virus et le confinement. On a tous vécu quelque chose de complétement inattendu : tout s’est arrêté et ça été l’occasion pour beaucoup de se reposer des questions sur le monde, la vie, l’avenir plein d’incertitudes.
Cela nous a aussi fait redécouvrir la nature ou notre pays (pour les vacances), ou prendre conscience de situations que nous ne voulions pas voir (comme les passants ne veulent pas voir Bartimée qui dérange), pensez aux longues files de personnes venant chercher de la nourriture aux Vernets qui ont « dérangé » notre bonne conscience.
Et c’est vrai que nous vivons dans un monde tellement complexe, hyperconnecté, hyperinformé et surtout désinformé. Quand on voit qu’un président des Etats-Unis peut sans gêne dire les pires les mensonges et chercher volontairement à désinformer, vraiment on se dit que ce monde n’est pas facile. Qui croire ? Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui est juste ? Qu’est-ce qui est important ? Les nouvelles mélangent allègrement le dernier crève-cœur d’une Kardhasian ou le sort de milliers d’enfants qui meurent de faim ? On ne sait plus comment regarder et quelle valeur donner aux choses !
Le caté, la foi, croire en Dieu ne va pas vous donner toutes les réponses, mais plutôt des outils pour essayer de comprendre ce monde et apprécier le monde, les autres et sa propre vie avec un regard nouveau, pas seulement celui des yeux, mais aussi celui du cœur ou de l’âme.
Oui Dieu toujours et encore vient à notre rencontre. Dieu n’en a que faire de rester dans son ciel ! cela ne l’intéresse pas ! Dieu ne cesse de venir nous rencontrer et souvent nous prendre par surprise. Ça semble bizarre, mais c’est pourtant l’expérience qu’ont fait les jeunes du groupe qui vous a précédé. Dans un mois ils demanderont le baptême ou confirmeront leur baptême, une manière de dire qu’ils sont d’accord de laisser à Dieu une place dans leur vie. Et pourtant, je vous rassure : ils sont sains d’esprit, des jeunes tout à fait bien dans leurs baskets et dans leur génération….
C’est ça le miracle de la foi, c’est que ces vieux textes, certains vieux de plus de 3000 ans continuent de nous parler, c’est ça le miracle de la foi : découvrir petit à petit que Dieu ce n’est pas une idée, une religion ou une manière de vivre, mais que Dieu c’est Celui qu’on peine à connaître certes mais dont on pressent qu’il nous aime d’un amour inconditionnel et non pas l’humanité en vrac, mais chacune et chacun d’entre nous dans ce qu’on a de plus particulier et intime; un Dieu qui vient à notre rencontre très personnellement et nous accueille tels que nous sommes ; un Dieu qui nous laisse toujours libres. Regardez Bartimée, une fois les yeux ouverts, il devient un homme libre ; il n’est pas aveuglé par la présence de Jésus, il va continuer sa vie librement ; la Bible ne nous dit d’ailleurs pas ce qu’il devient. Ne croyez surtout pas que croire reviendrait à limiter votre liberté (Si je crois, je devrai penser comme ci, obliger de faire comme ça, je ne pourrai plus être libre de penser ou faire ce que je veux). L’expérience qu’a faite Bartimée est celle de tous les croyants, à savoir que plus on écoute les paroles de Jésus, plus on se met à sa suite, plus on est libre. Croire élargit notre perspective et donne de la profondeur à la vie. Une chose est sûre : après la rencontre avec Jésus, Bartimée ne voit plus le monde comme avant !
Et pour vous ? On en reparle dans deux ans…
Amen