No Video Files Selected.
10:00| | Prédications | Bruno Gérard

Nul n’est bon que Dieu seul

 Voilà tout est dit ...

Nous pourrions nous en arrêter là, à cette sentence lapidaire de Jésus qui remet tout le monde en place, y compris lui-même !

 Nul n’est bon que Dieu seul

Voilà bon dimanche à toutes et tous ... merci d'être venus !

 Bon, il me semble que ce serait un peu rude d'en rester là. Cette allégation de Jésus mérite tout de même quelques développements.

Nul n'est bon que Dieu seul

 C'est un peu déprimant comme énoncé. Nous avons plus ou moins l'ambition d'être bon et bonne, au moins dans quelques domaines : bon père, bonne amie ...

Jésus nous sape un peu le moral.

 C'est peut-être voulu d'ailleurs. Dans ce passage de l’Évangile de Marc, Jésus répond sévèrement à cet homme juif accouru à lui en tombant à genoux pour le questionner.

Il s'avère que lorsqu'une personne arrive ainsi face à Jésus, soit il demande une guérison, soit il veut essayer de le mettre en défaut.

Face à cette nouvelle intrusion, Jésus semble méfiant et se protège. Effectivement l'entrée en matière du demandeur ressemble à un exercice de flatterie. « Mon bon Maître ... » un peu comme le ferait un valet de son maître.

 Pour prévenir toute tentative de se concilier ses bonnes faveurs, Jésus pose la limite par cette réponse lapidaire :

Nul n’est bon que Dieu seul.

 La seule vraie bonté est celle de Dieu. Comme l'affirme le psalmiste au Psaume 119 : 68 Tu es bon et bienfaisant, enseigne-moi tes prescriptions !

Jésus poursuit donc son enseignement. Il renvoie l'homme aux Dix Commandements, paroles reçues par Moïse :

Tu ne commettras pas de meurtre, tu ne commettras pas d’adultère, tu ne voleras pas, tu ne porteras pas de faux témoignage, tu ne feras de tort à personne, honore ton père et ta mère.

Il les énumère de façon assez désinvolte, Jésus cite les commandements en n'en respectant pas l'ordre et en ajoutant un tu ne feras de tort à personne. Certes ce commandement apparaît comme une synthèse des autres, mais c'est un ajout.

 Cette réponse ne convient pas à cet homme en attente. En attente d'une parole autre qu'un rappel à loi, loi que tout honnête citoyen d'Israël se doit de mettre en pratique ...

Encore plus déstabilisant, Jésus ne cite aucune des paroles spirituelles du décalogue : Tu n’auras pas d’autres dieux face à moi. (Exode 20, 3) par exemple.

 La requête de cet homme s'avère au fil du dialogue sincère et profonde. Il n'est pas venu piéger Jésus, il ne demande pas de guérison. Il est agité par cette question véritable que dois-je faire pour recevoir la vie éternelle en partage ?

 Dans sa réflexion, il a deux intuitions, d'une part l'observation des Lois ne lui apporte pas ce qu'il recherche, d'autre part, il perçoit que ce maître-là, Jésus, peut le faire avancer.

Il se dit qu'acquérir la vie éternelle promise nécessite un effort de plus que l'observation stricte de la loi... il vient à Jésus pour découvrir l'exigence du salut.

 Alors bien entendu, il est déçu devant la réponse du bon maître qui ne lui apporte pas d'éclaircie.

 Il ose afficher sa déception et son incompréhension : « Maître, tout cela, je l’ai observé dès ma jeunesse ... et je sens bien que cela ne m'amène pas plus qu'à être un honnête homme ! C'est déjà cela mais à quoi bon si rien ne vient en plus ».

 Devant ce cri du cœur, Jésus le regarde (enfin) et se prend à l'aimer. Nous pouvons imaginer que durant tout le début de la scène, Jésus tente l'esquive et n'accroche jamais le regard de cet homme à genoux devant lui, dont il se défie avec son « bon maître ». Il veut s'en débarrasser.

Pourtant, Jésus effectue une conversion devant la sincérité de cet homme et l'honnêteté de sa quête. Alors Jésus s'arrête et prend le temps de l'écoute.

 Parfois même avec Jésus, il faut insister pour entrer en contact avec lui. Nul n’est bon que Dieu seul

 Jésus le regarde, Jésus se prend à l'aimer ... et pourtant il ne va l'épargner par la suite. Il lui propose le processus suivant :

Une seule chose te manque ; va, ce que tu as, vends-le, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel ; puis viens, suis-moi.

 Waouh ... quelle radicalité dans la demande. Cela nous fait frémir, à nous qui possédons beaucoup.

 Après le premier choc, allons donc doucement devant cette incroyable demande de Jésus.

 La conséquence de la demande

L'homme en recherche ne supporte pas la radicalité de la demande. Pour lui, le champion de la Loi, la barre est définitivement trop haute. Il lui semble impossible de suivre ce commandement-là. Alors, il part rejoindre le court de sa vie avec ses questions sans réponses et sa quête de vie éternelle, livré à lui-même. Il repart triste.

 Notons qu'il n'y a pas ici de miracle. L'homme ne suit pas Jésus. La parole de Jésus ne le touche pas au point de le convertir. Au lieu d'obéir à l'appel du maître, l'homme s'en va, triste. Sa richesse s'est avérée être un obstacle dans sa relation au maître. Dans la relation à Jésus, il n'y a pas d'automatisme. Parfois la relation se noue et un dialogue s'engage. D'autre fois, les liens humains et sociaux mettent des barrières infranchissables. La tristesse de cet homme est douloureuse mais souligne combien la relation avec Jésus est personnelle.

 La nature de la demande

La demande de Jésus est aussi paradoxale : une seule chose te manque ... ce que tu as, vends-le. Paradoxalement, le manque de cet homme est un trop-plein !

Cela me parle tellement ... moi qui vit dans le trop-plein, trop-plein de tout, d'activité, de nourriture, d'objets connectés avec leurs corollaires, trop-plein de souci, trop-plein de préoccupation, trop-plein de question, trop-plein d'angoisse ... N'y a-t-il pas un tri à effectuer dans toutes ces possessions et préoccupations ? Lesquelles sont nécessaires à mon bonheur, à mon chemin à la suite de Jésus. Jésus m'invite de façon radicale à passer au tamis mon existence pour plus de légèreté à sa suite.

Ce que la demande ne dit pas

Il y a dans la réception de ce commandement de Jésus, une école d'interprétation qui aimerait en déduire que seule la pauvreté garantit un accès à la suite de Jésus ! Pourtant l'injonction de tout vendre n'est rien de plus qu'une réponse circonstanciée à une demande précise et n'a aucune valeur d'universalité. Jésus ne dit rien des gens qui n'ont pas de richesse. En revanche, il est suggéré à celles et ceux qui possèdent de ne pas devenir esclave de leur richesse qui leur donne plus de responsabilité dans la société.

 Une fois le départ de l'homme riche acté, Jésus développe sa pensée devant des disciples médusés devant ce maître qui échoue dans son dialogue avec cet homme par ses exigences démesurées. Après tout, Jésus n'avait auparavant jamais exigé des richesses de quelqu'un pour le suivre.

Devant leur stupéfaction, Jésus renchérit et les interpelle :

Mes enfants, qu’il est difficile d’entrer dans le Royaume de Dieu ! Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu.

 L'image percute nos imaginaires ... elle est même cocasse. Imaginer un chameau essayant de faufiler ses deux bosses dans le chas d'une aiguille. Drôle et impossible... Car Nul n’est bon que Dieu seul qui se développe maintenant dans l'assertion suivante :  tout est possible à Dieu.

 Jésus l'avait annoncé dès le départ. Rien ne sert de vous tracasser pour la vie éternelle ou reformulé autrement pour entrer dans le Royaume de Dieu. Tout reste dans les mains de Dieu.

 Voilà ce que l'homme riche, les disciples ... jusqu'à nous ont tellement de peine à saisir.

 Nous ne pouvons hériter du Royaume de Dieu par l’ascèse, la bonté, la richesse ou la pauvreté. Tout simplement, car il est déjà là et donné dans le regard de Jésus sur nous, par son amour.

N'allons pas jouer au bon, au vertueux, au pieux pour plaire à Dieu. Cela ne fonctionne pas ainsi.

 Tout cela nous est donné ... avons-nous l'idée de payer un ami pour un repas auquel il nous aurait invité. Certainement pas.

La vie éternelle, le royaume de Dieu ne se monnaie pas. Ils se donnent.

 Ils se donnent pour nous permettre de vivre la Loi de Dieu, non pas pour gagner une part de paradis mais bien parce qu'Il nous offre la liberté de le faire.

 Nul besoin de faire passer le chameau dans le trou d'une aiguille,

Simplement saisir le fil tendu ...

Viens, suis-moi.

 Amen.

 

Cookies

This website uses cookies. By continuing to browse the site you are agreeing to our use of cookies. Find out more