Prédication St Pierre – 10.11.19 – Le sens de la liturgie
Car le sens du culte, de la « liturgie » comme « service » de Dieu (Gottesdienst) :non desconcepts ou des modèles figés, mais un mouvement de foi. Un mouvement qui court du tombeau du matin de Pâques vers les autres, cette parole des témoins qui va courir… et de la Jérusalem de Pentecôte, le mouvement de l’Esprit saint qui déverse sa puissance et libère la louange et le courage pour que les témoins puissent aller « jusqu’aux extrémintiés de laterre » - et un mouvement qui vient nous réunir dans le temps du culte.
Il fallait donc, pour dire le sens de la liturgie du culte, un texte qui dise un appel, une rencontre, un mouvement, et une direction. Et non un moment extraordinaire, mais bien plutôt ordinaire, pétri d’humanité. Le culte protestant nous cueille dans notre humanité pour dire : c’est là que le Seigneur de gloire vient te rencontrer !
L’étonnant texte de Jean 1, 35-50 en est comme un concentré de sens. Le culte c’est cela : des hommes qui ont été trouvés, dans leur travail : ils entendent qu’il y a là une espérance.
Ils voient. Ils suivent Jésus. Is restent avec lui. Ils passent le mot à d’autres, en 3 mots et sans explications : VIENS ET VOIS !
C’est ce que le culte devrait exprimer : Viens et vois !
Même si chez nous il n’y a pas tant à voir ! Et pourtant …. Tout est sous nos yeux, comme un chemin d’ouverture des yeux.
La Réforme n’a pas choisi le spectaculaire mais laconfiance fondamentale en Christ. Contre les « fantaisies » et les superstitions humaines la foi devait choisir la voix fiable de laparole de Dieu qui résiste aux obscurités.
Alors faisons 7 pas pour marcher dans le culte ! Non pas vers les hautes sphères ni plus près du ciel, mais de plus en plus vers l’humanité. Le culte, c’est une restauration, un temps pour prendre son souffle, avant de ressortir vers le quotidien.
Le 1er pas prend la mesure d’un mouvement qui ne commence pas avec nous. Nous en recevons l’écho, la résonnance. Ce n’est pas nous qui trouvons Jésus, nous sommes trouvés par une nouvelle incroyable.
C’est l’annonce de Jean-Baptiste :Voici l’agneau de Dieu. Le doigt de Jean Baptiste, représenté sur de nombreux tableaux : voyez c’est lui.
Car derrière Jean-Baptiste se tient toute la mémoire de son peuple, tout l’Ancien Testament, toute la longue attente de la foi : quand Dieu tiendra-t-il sa promesse ? Quand viendra-t-il, le Messie ? Et comment le reconnaître ?
2è pas : « Maître ! » - (Venir appelés par la grâce)
Le 2è pas, vous l’avez fait. Vous êtes venus, vous vous êtes déplacés - c’est l’étonnante réaction de ces premiers disciples. Ils écoutent l’annonce du Baptiste, et …ils suivent, sans discuter !
Jésus ne quémande pas, il est déjà plus loin !
Il se retourne néanmoins et leur demande « Que cherchez-vous ? »
Ils répondent simplement : « Maître ! », reconnaissant déjà son autorité. « Où demeures-tu ? » - autrement dit, où est ton enseignement, où est ta chapelle, qu’est-ce que tu vas nous apporter ?
« Que la grâce du Seigneur soit avec vous » : une vieille formule depuis les débuts de l’Eglise ancienne. Pour dire la parole que personne ne peut se dire à soi-même : parole qui dit que fondamentalement nous ne sommes pas abandonnés à nous-mêmes.
C’est ainsi que commence un dialogue, entre la Parole de Dieu annoncée et notre réponse, chantée, priée, confessée. Avec des mots qui nous conduisent, avec des cantiques qui nous portent, nous prenons la résonnance qui nous précède et nous y posons notre voix.
Les formes peuvent varier, car de tous les langages possibles nous essayons de nous adresser à celui qui est reconnu comme Maître, et comme les disciples nous questionnons : que pouvons-nous savoir de toi ? Et lui de s’écahpper avec cette parole qui pourrait être comme un jeu malicieux : « Venez et vous verrez ».
3è pas : Être vu plutôt que voir
(confesser le péché et recevoir le pardon)
Quand nous venons, ce n’est pas à la manière des anges, mais avec ce que nous sommes, dans nos pesanteurs. Comme vous l’avez remarqué, Jésus ne leur a pas demandé de confession préalable, il n’a pas vérifié s’ils sont des bons croyants, s’ils ont bien compris, s’ils sont courageux et endurants. Ils viennent avec leur bonne volonté, mais tout autant avec leurs inerties, leurs querelles, leurs jalousies, leurs déroutes.
C’est ce que nous osons faire, lorsque nous venons déposer au début du culte nos échecs, tout ce qui nous sépare de Dieu, de nous-mêmes, des autres. Nous l’appelons « confession du péché » – au singulier car ce n’est pas tant des actions mauvaises qu’une désorientation du cœur, qui tient Dieu à distance.
La grâce est aussi un rappel du chemin à suivre – c’est le sens de ce que Calvin voulait en rappelant la Loi après l’annonce de la grâce, qui ouvre le chemin des disciples.
4. pas : « Que cherchez-vous ? »
(Interpréter : lectures bibliques et prédication)
Il y a prédication parce que pour chaque temps le message doit êtreapporté « pour nous ». Il faut des personnes, avec leur expérience et leur réalité d’humains, qui conduisent leurs contemporains dans la traversée de l’interprétation, qui à partir de leur confrontation avec les vieux textes, redonnent le sens et la vitalité de ce qui les a fait continuer, ce qui a brûlé leur cœur. Et si vous êtes là c’est sans doute parce que pour chacun de nous il y a eu un Jean, un André, un Simon, un Philippe ou un Nathanaël qui vous sa dit «il y a là une parole qui fait vivre, qui vaut la peine, il y a là un sens ».
Tant de témoins depuis les siècles qui nous conduisent et nous aident à interpréter et à discerner qu’en Jésus c’est bien Dieu qui passe au plus près de l’humain, et qui dit à chacun-e « Suis-moi ». Tout comme nous : venus individuellement nous sommes amenés les avec les autres vers celui qui appelle ensemble.
C’est l‘humour du texte de nous faire suivre le rythme de tous ces hommes qui se suivent et se passent le relais. Il n’y a que des verbes : ils viennent, ils voient, ils suivent, ils disent !
L’action qui les réunit s’arrête lorsque Nathanël dit : « Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu esle roi d’Israël ». Il dit trois choses différentes, mais complémentaires : avec le titre Rabbi, il reconnaît un maître, Fils de Dieu, c’est le Messie attendu. Et roi d’Israël : la véritable souverainenté, le Royaume de Dieu.
L’Eglise chrétienne a mis dans le culte des confessions de foi. Elles sont bien souvent compliquées, avec d’anciennes formules qui ne sont plus notre langaege. . Elles essaient d’exprimer le cœur de la foi. Mais pouvoir le dire, d’une seule voix réunie à des mots de générations redits depuis les temps anciens, c’est une émotion et une puissance pariculière. Notre voix dans la chaîne des voix – en disant notre foi nous nous faisons disciples avec eux, nous sommes portés par celles et ceux qui nous ont fait grandir et nous transmettons aux prochains.
5è pas : « Vous verrez le ciel ouvert »
(Repas du Seigneur)
Nous y allons vers lui. Là encore, rien de spectaculaire mais un simple pain, une simple coupe mais en réalité nous y recevons la vie, toute la générosité du don du Christ pour l’humanité. Devenez ce que vous recevez, disait st Augsutin : devenez le corps du Christ que vous recevez, Faites corps avec le Christ, famille de Dieu, concitoyens des sants, bénéficiaires de la grâce.
Jésus avait promis qu’ils verraient le ciel ouvert. Nous ne le voyons pas comme nous pourrions le rêver! Mais nous en pressentons l’expérience après ces siècles, les suiveuses et suiveurs de Jésus se sont succédé, et nous nous passons le relais. S’il faut une « preuve » de la vérité de ces textes, c’est le saisissement des disciples, qui se lèvent !! Qui continuent depuis des siècles à se lever – toute cette immense nuée des « témoins », ceux et celles qui « répondent » par leur vie et leur témoignage.
6è Pas : Faire corps
(Intercession et Notre Père)
Luther disait que dans les 2 mots se concentre tout l’Evangile : Pater Noster une « petite prière », avec deux mots tout simples mais un bouleversement énorme ; Dire « père » Pater est déjà incroyable : qu’il y a ait un Dieu qui se soucie de nous, avec bienveillance et miséricorde. Mais de plus il n’est pas « mon » père mais « notre », qui ous unit au-delà de nos sympathies ou antipathies personnelles, dans le mandat de venir le suivre et de transmettre.
C’estaussi dans ce mouvement de reconnaissance de la plénitude du don reçu que prend place l’offrande, offrande d’argent, dans le culte mais aussi dans notre vie, pour certains c’est même la dîme, le dixième pour l’Eglise engagée au service des personnes au près et au loin. La collecte que l’on trouve déjà dans le livre des Actes est dans le texte grec une « leitourgia », une action des uns en faveur des autres, qui n’est pas « charité » au sens d’un don condescendant, mais partage de ce qui est déjà reçu.
7. Pas : Être une bénédiction
(Envoi et bénédiction)
C’est le sens de l’envoi qui dit la tonalité:. Venez et voyez est à présent « allez et dites »- c’est l’envoi depuis le tombeau vide et depuis la Table du Repas: allez et dites que la souffrance et la mort n’ont pas le dernier mot. Dites qu’un amour nous précède et nous a trouvés.
La bénédiction ne paie pas de mine, elle aussi est une « petite parole » un geste appermment mesuré, sans surnaturel, sans exaltation. Mais bien reçue, bien vue, elle est comme un concentré de la puissance et de la qualité d’espérance qui nous porte.
Un missionnaire à qui l’on demandait où menait son chemin, répondait invarisablement : « Quel que soit le lieu, toujours vers la Maison ».