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10:00| | Prédications | Bruno Gérard

Rapport commandant de bord du Saint-Pierre, pavillon helvétique

Nuit du 27 novembre 2021

Départ Tel-Aviv 22h45 Mer belle à peu agitée houle de nord-ouest 1m ciel dégagé

Cargaison : huile d’olive, bois d’Oliviers

1h15 secteur sud chypre (Zone côtière TUR 12)

Avis de vent violent force 7 houle nord-nord-est, mer forcissant creux de 5 m brume

Bateau Saint-Pierre en détresse

Pavillons N et C hissé. SOS

1h30 Découverte pendant manœuvre.  Passager clandestin dans la soute, répondant du nom de Yonah.

L’individu Yonah perturbé se dit prophète et s’accuse de la tempête, discours peu crédible

Début de mutinerie à bord, interposition du second entre un mécano et l’individu.

Tension

L’individu demande à être mis à l’eau. Refus du commandant

Le commandant met à la disposition de l’individu une chaloupe en l’avertissant des risques.

1h45 secteur nord chypre (Zone côtière TUR 11) mise à l’eau de la chaloupe avec à son bord l’individu. Surveillance maritime avertie

1h50 Fin de l’avis de tempête Mer redevenant belle

Calme et silence à bord

2h15 Passage d’un banc de cachalot à Bâbord. Collision évitée.

Intemporelle histoire de Yonah - Jonas.

Qui pourrait être retranscrite ainsi dans une parabole contemporaine.

Intemporelle histoire de l’homme, de la femme confronté(e) à la parole du Seigneur à son appel :

" Lève-toi va à Ninive" ....

"Lève-toi va à Ninive" ...

L’appel est rude : va à Ninive

Ninive ... il faut bien comprendre que Ninive n'est pas a priori une destination plaisante ... la ville a bien mauvaise réputation. Rendez-vous compte, elle aurait été construite par le roi Nemrod, le fondateur de la ville de Babel, dont on connaît la destinée de la tour. Ninive représente la puissance païenne et hostile ; elle était l'objet d'une haine farouche, qui se manifeste dans les paroles du prophète Nahum, contemporain de la chute de la ville Nahoum 3 1-7 : Malheur à la ville sanguinaire, pleine de mensonge, remplie de violence, qui ne cesse de se livrer au pillage !
2 On entend le bruit du fouet, le fracas des roues, le galop des chevaux, le roulement des chars.
3 Les cavaliers chargent, l'épée étincelle, la lance brille. Une multitude de blessés, une foule de cadavres, des morts innombrables : on trébuche sur les morts.
4 C'est à cause des nombreuses prostitutions de la prostituée pleine de grâce, maîtresse magicienne, qui vendait des nations par ses prostitutions et des peuples par sa magie.
5 Oui, je m'en prends à toi, déclare l’Éternel, le maître de l'univers. Je relèverai les pans de ta robe jusque sur ton visage, je montrerai ta nudité aux nations et ton déshonneur aux royaumes.
6 Je jetterai sur toi des ordures, je te couvrirai de honte et je te donnerai en spectacle.
7 Tous ceux qui te verront fuiront loin de toi. On dira : « Ninive est détruite. Qui la plaindra ?»

Ninive cristallise, violence, luxure, prostitution, magie ... la destination impossible de ce temps-là.

Chaque époque connaît sa Ninive ou sa Babylone.

Un endroit oublié de Dieux où les règles humaines semblent suspendues.

Ninive, un endroit lointain, peuplés d'étrangers aux mœurs sanguinaires qui n'ont rien à faire avec nous.

Il y a aussi une subtilité dans la langue hébraïque, langue du texte, subtilité entre le prénom Yonah et la ville Ninive. Ninive-Yonah ... entendez-vous la proximité de sonorité. Et clin d'œil ... Ninive signifie étymologiquement la « demeure du poisson ». Étrange coïncidence ... L'injonction « Va à Ninive » serait-elle aussi une invitation pour le Jonas à visiter son intérieur, son moi ? Certainement !

Alors voilà Jonas reçoit donc ce double appel de Dieu vers l'extérieur et l'intérieur de lui-même ... et vous savez ce qu'il fait. Il prend ses jambes à son cou et il part ... oui mais de l'autre côté de Ninive et embarque dans la cale d'un bateau.

Il fuit l'appel parce qu'il a peur de ces destinations incongrues, parce qu'il n'a pas envie de se fatiguer pour ces gens de Ninive qui sont si loin de ses préoccupations.

Jonas fuit car il est têtu et pense que sa fuite va lui éviter de fouiller en lui-même. Il fuit la radicalité de l'appel ...

Intemporelle histoire de Jonas

Intemporelle histoire de l’appel

Intemporelle histoire de la fuite devant Dieu.

Jonas fuit … il se cache de la face du seigneur

L'appel lui demande de se lever ... Jonas va tenter une descente au plus bas de ses possibilités humaines-

Il descend au port de Jaffa

Il descend dans la cale du bateau.

Et il descend dans un sommeil profond.

Bien illusoire cachette.

Il ne peut faire mieux, le fond de cale, le sommeil profond !

Devant l’appel il y a celles et ceux qui acceptent d’emblée, comme Marie devant l’ange Gabrielle, qui dit oui pour accueillir l’enfant.

Il y a celles et ceux qui discutent un peu et qui disent oui … comme Moïse devant le buisson de feu, Tu sais « Seigneur, je ne sais pas bien parler » et qui y vont ensuite avec courage … armé d’un bâton et de la parole de Dieu Moïse affronte Pharaon.

Puis il y a Jonas, le rebelle, qui joue à cache cache pour fuir

Personne ici, ne songerait à la blâmer …

C’est tellement humain.

Même Jésus l’a fait …

Il est dans la barque de pêche et la tempête se déclenche et se déchaîne.

Les disciples luttent, rien n’y fait l’embarcation va sombrer. L’équipage dans la tourmente a les yeux braqués sur la proue ou Jésus dort profondément. Ils le réveillent et se font rabrouer ...

De même le capitaine du bateau retrouve Jonas et le réveille … lui reproche son inactivité : « Qu’as-tu donc à dormir ? Lève-toi, invoque ton dieu ! Peut-être ce dieu pensera-t-il à nous, pour que nous ne disparaissions pas. »

Le plan de la fuite échoue … remarquons l’ironie de la situation. Jonas fuit le Seigneur et son appel. Il se cache du Seigneur et c’est un homme païen qui le débusque, lui l'endormi. Jonas fuit son Dieu et c’est un homme qui vient le secouer et le relancer dans sa mission. La parole mise en cale va devoir en sortir, l'urgence de la situation le réclame.

Jonas rattrapé par le religieux et le mauvais sort …. Qui tombe sur lui !

Le Seigneur Yahwé est aussi maître des sorts.

Jonas l'endormi devient l'acculé : qui es-tu ? que fais-tu ? D’où viens-tu ?

Alors Jonas se réveille. Jonas fils d'Amittaï qui signifie vérité. Jonas fils de la vérité fuit l'appel mais il dit la Vérité.

Il confesse son appartenance. Ne nous y trompons … en disant : Je suis hébreu. Il ne décline pas son identité comme on dirait : je suis genevois, je suis français.

Le qualificatif hébreu n’est pas une identité nationale mais une confession de foi, j’appartiens au peuple du Seigneur qui a fait sortir mes ancêtres d’Égypte et me libère de toute servitude. C’est comme si à la question : qui es-tu ? nous répondions : je suis chrétien, je suis chrétienne, c’est déjà tout dire de nous.

La tempête qui saisit et menace le navire va le forcer à sortir de son isolement, alors qu’il dort à fond de cale, indifférent au sort d’autrui comme à son propre sort.

Désigné par le tirage au sort, Jonas sort de sa torpeur et de son égoïsme : il se lève, confesse sa foi et il s’offre pour la sauvegarde de ses compagnons de voyage.

La parole sort de la cale. Jonas était descendu profond. Il commence à remonter :

‘Prenez-moi, jetez-moi à la mer, et la mer s’apaisera, - vous aurez la vie sauve :

 je sais que c’est à cause de moi que cette tempête s’est déchaînée sur vous…’

Ainsi, en donnant sa vie, non seulement Jonas préserve ses compagnons de la mort, mais il devient, au milieu des marins, le témoin exemplaire du Dieu vivant. Un prophète, au plein sens de ce mot !

Une fois la tempête apaisée, les marins sont saisis par la crainte de Dieu, - offrant au Dieu de Jonas des sacrifices et des prières.

C’est là un premier signe de Jonas qui nous renvoie à la Passion de Jésus, à sa vie donnée pour notre vie et celle de nos semblables…  ‘Voici mon corps, donné pour vous…’

Jonas, représentant de l’humanité dans son côté sombre de la lâcheté et de l’indifférence à l’autre se révèle dans la foi prêt au sacrifice pour l’autre.

Pourtant, il n’en a aucun mérite … il le fait un peu contraint et forcé. Sans contrainte, Jonas ne prend réellement qu’une seule décision : celle de fuir !

Mais la parole est efficace malgré lui … comme le montrent marins, mer, vent, poissons, Ninivites, animaux, plante. Par sa simple présence, puisqu’il ne peut pas s’en débarrasser, cette parole remue.

En ce début d'Avent, où nous nous préparons à fêter la venue au monde de notre sauveur, allons-nous entreprendre un quelconque voyage où nous caler gentiment dans nos traditions.

Il n'y a aucune obligation juste un chemin intérieur et extérieur à suivre ou pas.

Et si nous osons un peu sortir de nos fonds de cale, le voyage de Jonas nous dit qu’il est toujours temps de sortir de nos isolements.

Le voyage de Jonas nous redit que malgré nos fuites, nos endormissements … la grâce de Dieu est toujours possible dans nos vies.

Lève-toi et vas ...

Amen

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