« Moi, Ponce Pilate nommé gouverneur de Judée depuis 26 par le puissant préfet du prétoire Séjan sous l'empereur Tibére, je dois faire régner l’ordre sur cette province toujours instable. J’ai dû mater plusieurs révoltes d’illuminés religieux ou de brigands qui profitent du chaos ordinaire pour piller et commercer illicitement.
Je me délecte de ce grand carnaval où je manipule les antagonismes ethniques en opposant les forces autochtones. Lorsque je réponds positivement aux sadducéens, je refuse la même chose aux pharisiens. Les uns se croient privilégiés … et les autres essaient de gagner mes faveurs.
Ma seule vérité est celle du rapport de force. Ma seule vérité est d'augmenter mon pouvoir sur les autres.
Je ne connais que le rapport de force et jubile quand il m'est favorable.
Ma botte secrète : je suis détenteur de l'imperium … le pouvoir de condamner à la peine capitale. L'imperium me donne une autorité crainte et respectée sans équivalent.
Bien entendu, je suis tenu de proposer un procès … de convoquer et d'entendre les partis. Je dois respecter les règles essentielles du droit romain. Pourtant la sentence se dicte selon mon bon vouloir.
Et cette année encore, il semble que les festivités ne vont pas être de tout repos.
J'ai un peu frémi, il y a 5 jours, quand l'individu a fait une entrée triomphale dans la ville, acclamé par une foule assez nombreuse de partisans. Ils l’ont accueilli comme un Roi. Il faut se méfier de ces mouvements de population. Son arrestation tombe à point nommé, je vais pouvoir évaluer les ambitions de cet homme.
Quelle ironie … pour des principes religieux, ils ne peuvent pas entrer chez moi mais livrer un homme à la mort ne semble pas les déranger outre mesure.
Alors, les gardes restent sous le porche avec l'homme …
Quelle accusation portez-vous contre cet homme ? »
Si cet individu n’avait pas fait le mal, te l’aurions-nous livré ? »
« Prenez-le et jugez-le vous-mêmes suivant votre loi. »
« Il ne nous est pas permis de mettre quelqu’un à mort ! »
« Est-ce toi le roi des Juifs ? »
34 Jésus lui répondit : « Dis-tu cela de toi-même ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ? »
35 Pilate lui répondit : « Est-ce que je suis Juif, moi ? Ta propre nation, les grands prêtres t’ont livré à moi ! Qu’as-tu fait ? »
Qu'est-ce que j'en sais moi … ! Roi des juifs. Comment a-t-il pu se mettre à dos toutes les autorités du Temple en étant aussi peu envieux de titre ?
Il n'est pas dangereux pour moi.
Je le laisse à ses élucubrations et vais essayer de voir comment gérer le problème en en tirant profit ».
Dialogue que marque la célèbre phrase de Pilate : « qu'est-ce que la vérité ? ».
C'est finalement assez décourageant pour nous aussi. En effet, le commun de nos aspirations humaines ne rencontre pas la vérité de Jésus. Il est après son arrestation, seul.
Ce dimanche nous achevons notre année liturgique, avant d'inaugurer la semaine prochaine le début de l'Avent. Nous avons suivi les textes bibliques proposés pour en finir sur cette question : « Qu'est-ce que la vérité ? »
Non Pilate ne se prend pas d'affection pour Jésus, ni même se convertit. Il essaie de gérer au mieux ce cas pour ne pas perdre ses bénéfices.
Écoutons surtout l'imaginaire de la vision de Daniel.
Faisons taire en nous notre désir de comprendre et d'apprivoiser. Si cela vous agrée, fermer les yeux.
Voici la parole du prophète (Daniel 7) :
10 Un fleuve de feu coulait et sortait de devant lui. Mille milliers le servaient ; dix mille myriades se tenaient devant lui. Le tribunal siégea, et des livres furent ouverts.
11 Je regardais ; alors, à cause du bruit des paroles monstrueuses que proférait la corne…, – je regardais, lorsque la bête fut tuée et son corps abattu, et elle fut livrée à l’embrasement du feu.
12 Quant au reste des bêtes on fit cesser leur souveraineté, et une prolongation de vie leur fut donnée jusqu’à une date et un moment déterminé.
13 Je regardais dans les visions de la nuit, et voici qu’avec les nuées du ciel venait comme un Fils d’Homme ; il arriva jusqu’au Vieillard, et on le fit approcher en sa présence.
14 Et il lui fut donné souveraineté, gloire et royauté : les gens de tous peuples, nations et langues le servaient. Sa souveraineté est une souveraineté éternelle qui ne passera pas,
et sa royauté, une royauté qui ne sera jamais détruite.
un ciel de liberté puissant d'images
une symphonie de sons,
un foisonnement de sensations inhabituelles.
un goût d'éternité par tout point extraordinaire.
Il le fait pour nous …
Écoutons sa voix :
« Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix. »