No Video Files Selected.
10:00| | Prédications | Bruno Gérard

Un homme avait deux fils ...

Un homme avait deux fils

 L'aîné Ismaël était le fils d'Agar ... une servante égyptienne. Abraham et Sarah ne pouvant enfanter, Sarah avait proposé Agar à Abraham pour porter son enfant et accomplir la bénédiction d'avoir une grande descendance ...

 Abraham avait deux fils.

Isaac, le cadet, l'inattendu ...  Le don de Dieu au couple déjà très avancé en âge. La venue Isaac qui signifie Que Dieu rie, déjoue avec humour les lois de la nature. Mais rien n'est impossible à Dieu.

Annoncé par trois visiteurs au Chêne de Mamré le jour où Sarah avait ri ... l'enfant du rire et de la promesse semble plein de vie et profite des jeux avec son demi-frère Ismaël.

 Nous aussi profitons de ce moment d'allégresse. C'est assez rare dans le texte biblique d'avoir comme cela un moment de joie pure. La joie du couple qui accueille un enfant nouveau-né après un siècle d'attente.

Alors la coupe déborde ...

Papa effectue le rite religieux sur l'enfant, la circoncision pour manifester que ce garçon est aussi fils de Yahwé.

 La maman dans son grand âge assume sa maternité et allaite son enfant. Elle rit Sarah, de son bonheur et se moque gentiment de la situation comme pour mieux se rendre compte qu'un fils lui est donné :

« Qui aurait pu dire à Abraham qu'un jour Sarah allaiterait des enfants ? Pourtant je lui ai donné un fils dans sa vieillesse ! »

 Il y a dans ce pourtant ... tout l'extraordinaire de ce temps de naissance. Malgré les doutes de Sarah, malgré la vieillesse POURTANT la vie advient.

 Nous connaissons dans la vie ces moments où tout est chamboulé.

Ces temps où le quotidien semble être suspendu à la joie et à la fête pour la venue d'un enfant.

 Abraham s'active pour préparer le banquet. Célébrer les moments de l'existence comme une naissance est aussi un acte de foi.

Se réjouir des belles choses de la vie comme une prière à Dieu.

 Un homme avait deux fils et il était dans la joie.

 Savourer la joie quand il est temps ... car le temps retourne vite en temps ordinaires.

Les enfants rient et s'amusent. Et les vieilles rancœurs refont surface ...

Comme une amertume trop longtemps refoulée.

 Comme tous les petits garçons du monde, Ismaël et Isaac s'amusent ensemble. Comme toutes les mères au monde, Sarah garde un œil sur sa progéniture.

Le désert est terre de danger.

 Mais un ressentiment cruel commence à prendre emprise sur Sarah. Un sentiment qu'elle peut de moins en moins contenir.

 Bien entendu, c'est elle qui a souhaité qu'Agar connaisse Abraham pour avoir un fils. Elle était consentante et a initié la rencontre.

 Bien entendu, Ismaël est un bel enfant. Il n'y est pour rien dans les histoires des grandes personnes.

POURTANT, et tout est dans ce pourtant. La présence du premier fils d'Abraham au campement commence à l'exaspérer au plus haut point. Ismaël est le gênant qui va à ses yeux spolier une part d'héritage de son fils. La présence d'Ismaël manifestation vivante de sa longue période de stérilité lui devient peu à peu trop lourde à porter.

 Alors le rire cristallin d'Ismaël mêlé à celui de son fils lui écorche l'âme et Sarah demande à Abraham l'impossible, rejeter son fils.

 Le rire comme fil rouge :

Le rire d’allégresse d'Abraham à la première annonce de sa future paternité.

Les rires de Sarah, tout d'abord rire de scepticisme qui se transforme avec la venue d'Isaac en allégresse.

Puis ce dernier rire, le rire de l'enfance et de l'innocence que Sarah prend comme de la moquerie contre elle.

 Un homme avait deux fils ... et il est obligé d'en laisser partir un. Nous pouvons indéfiniment gloser sur les raisons et l'injustice de cette séparation, mais les faits sont têtus. Ismaël doit quitter le campement.

Pour Abraham c'est un déchirement. Ismaël est aussi son fils.

 Un homme avait deux fils et il en perd un, car la cohabitation des deux familles n'est plus envisageable.

Alors pour sauver son enfant, il le chasse avec sa mère de sa tribu.

 Bien entendu, Dieu rassure accompagne. Malgré tout, laissez partir son enfant est une chose terrible.

Abraham avait deux fils mais il sacrifie le premier pour permettre à l'autre de grandir.

Que penser d'un Dieu qui demande de sacrifier un fils ... mais qu'il le bénit dans un même mouvement. Les séparations sont le lot de toute vie, et Dieu les place aussi sous sa bénédiction. Cela n'enlève pas la souffrance.

 Abraham se lève tôt, pourvoit au nécessaire et laisse partir, avec pour tout héritage, une cruche d'eau et une miche de pain.

Être père c'est aussi voir partir son enfant.

 Contrairement à ce que l'on pouvait imaginer Agar ne descend pas en Égypte retrouver les siens ... elle part errer dans le désert.

 Agar ...

Hagarde de tristesse

Hagarde d'incompréhension

D'être ainsi rejetée pour un malheureux rire d'enfant.

 Après les rires pour la naissance d'Isaac. Nous voici devant les larmes d'Agar qui voit son enfant dépérir.

 Une voix va venir au secours de l'enfant et de sa mère ... Dans sa profonde douleur Agar s'était éloignée de son enfant.

Le messager de Dieu va nouer un lien nouveau entre Agar, maman solo et Ismaël orphelin de père. Deux êtres qui ont perdu une partie des liens qui les constituent.

 Mais cette perte aussi douloureuse soit-elle, ne signe pas la fin de tout. La voix de Dieu reconstitue la relation en trois verbes :

         Lève-toi, ressuscite en toi ce qui est vivant et laisse les larmes.

        Prends l'enfant. Ismaël n'est plus fils d'Abraham. Agar doit prendre l'enfant pour elle. C'est à elle qu'il revient ce petit bout d'homme. La voix du Seigneur renoue le lien et la parentalité nouvelle.

        Et tiens-le-bien. Oui tiens-le-bien, n'abandonne pas devant la difficulté. La mère et l'enfant ont maintenant besoin de ce lien ferme entre eux.

 Et Agar ouvre les yeux, le voile de larmes se tarit. Agar voit le puits, la survie puis la vie. ... la victime d'injustice ne se lamente plus sur son sort. Dieu est avec elle et avec l'enfant qui se construit en guerrier du désert.

Les rires reviennent peu à peu, Ismaël se marie avec une Égyptienne. Rejeté par le clan d'Abraham, l'identité d'Ismaël renoue avec les racines de sa mère.

 Dieu porte aussi celles et ceux qui sont à l'extérieur. Il y a une vie aussi en dehors des clans, des Églises et du peuple traditionnel de Dieu.

Nul, même perdu dans les déserts de la vie ne peut se placer hors de la bénédiction de Dieu.

Ismaël abandonné trahi dans son innocence, rejeté.

Ismaël, debout, enfant accroché à la force d'une bénédiction contenue dans la main de sa mère.

Ismaël, fils d'Agar devenu homme participe aussi de cette longue descendance promise par Dieu.

 Un homme avait deux fils ...

Éternelle histoire de famille où l'on rit, on pleure.

Éternelle histoire de famille où les identités se façonnent au gré des trahisons et de séparations.

La famille biblique n'est pas un long fleuve tranquille. Ce récit de l'ancien testament colle tellement aux réalités contemporaines.

 Un homme avait deux fils ...

Mais il avait surtout un père, Yahvé qui veille et assume sa promesse.

Un père à qui Abraham fait toute confiance jusqu'à sacrifier sa relation avec Ismaël.

 Cette confiance en Dieu n'en fait pas un modèle de paternité et encore moins de conjugalité.

Le texte biblique ne sera jamais un code moral de bonne conduite devant Dieu.

 Abraham rit, trahit, aime ses deux fils. Il chemine dans sa vie en se réjouissant de ce qui lui est donné et remet dans les mains de Dieu ce qui devient intenable.

 Comme l'écrit Paul, Abraham n'est pas juste pour ses actions humaines mais par ce qu'il a gardé confiance : « Abraham eut confiance en Dieu, et Dieu le considéra comme juste en tenant compte de sa foi. » 

 Un homme avait deux fils ...

... et une inébranlable confiance en Dieu.

Amen.

 

 

Cookies

This website uses cookies. By continuing to browse the site you are agreeing to our use of cookies. Find out more