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10:00| | Prédications | Emmanuel Rolland

Célébration oecuménique

Jean 15, 1-17

1 Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. 2 Tout sarment

qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout

sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte

davantage. 3 Mais vous, déjà vous voici purifiés grâce à la parole que je

vous ai dite. 4 Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le

sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur

la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. 5

Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi

et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de

moi, vous ne pouvez rien faire. 6 Si quelqu’un ne demeure pas en moi,

il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments

secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent. 7 Si vous demeurez

en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que

vous voulez, et cela se réalisera pour vous. 8 Ce qui fait la gloire de mon

Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour

moi des disciples. 9 Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai

aimés. Demeurez dans mon amour. 10 Si vous gardez mes

commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai

gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour.

11 Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit

parfaite. 12 Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les

autres comme je vous ai aimés. 13 Il n’y a pas de plus grand amour que

de donner sa vie pour ceux qu’on aime. 14 Vous êtes mes amis si vous

faites ce que je vous commande. 15 Je ne vous appelle plus serviteurs,

car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes

amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait

connaître. 16 Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai

choisis et établis, afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que

votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon

nom, il vous le donnera. 17 Voici ce que je vous commande : c’est de

vous aimer les uns les autres.

2

« Demeurez dans mon amour et vous porterez du fruit en

abondance »

Cette assertion, prononcée par Emmanuel, résume bien notre péricope

d’aujourd’hui.

Mais il y a deux autres assertions qui me sont venues en tête alors que

je méditais ce texte de Jean : « Aime et fais ce que tu veux »

Et aussi : « la mesure de l’amour, c’est d’aimer sans mesure ».

La première citation est de Saint Augustin d’Hippone, ça c’est sûr,

Mais la deuxième est une fake news parce que j’ai découvert qu’elle a

souvent été attribuée à tort à saint Augustin, alors qu’elle est de Bernard

de Clervaux.

Je reviens sur la première citation : « Aime et fais ce que tu veux »

cette citation couronne en fait un texte sur la charité, sur l’amour

pourrait-on dire également aujourd’hui : je vous le lis :

« …Les actions humaines ne se distinguent les unes des autres qu’en les rapportant à la racine

de la charité. Car on peut accomplir beaucoup d’actions qui ont bonne apparence, tout en ne

provenant pas de la racine de la charité…“Aime et fais ce que tu veux ! Si tu te tais, tu te tais

par amour ; si tu cries, tu cries par amour ; si tu corriges, tu corriges par amour ; si tu épargnes,

tu épargnes par amour. Qu’au dedans se trouve la racine de la charité. De cette racine rien ne

peut sortir que de bon” ». Augustin, Commentaire de la lettre de saint Jean 7, 8

Voilà pour saint Augustin dans son style !

Puis il y a l’assertion, donc, de Bernard de Clervaux : Nous la

connaissons sous cette forme : « La mesure de l’amour, c’est d’aimer

sans mesure ».

Bernard de Clairvaux écrit « modus » et non « mensura ».

Cela revient à traduire correctement le latin en ces termes : La limite de

l’amour, c’est d’aimer sans limite !

Voilà qui est déjà plus sympathique à entendre et à concevoir, me

semble-t-il.

Car peut-on arpenter l’amour ? Peut-on le circonscrire ? Peut-on

l’enfermer ? le clôturer ?

Certes non !

3

L’amour est quelque chose de subtil et de sublime, quelque chose de

transcendant, nous dirons donc quelque chose du divin ! Toutes celles

et ceux qui s’y adonnent, sans limite et sans retenue, le savent très bien.

L’amour transcende ceux qui le pratiquent !

Voilà pourquoi le Jésus de Jean assure que celles et ceux qui pratiquent

l’amour portent beaucoup de fruits, demeurent en lui autant qu’en Dieu.

Celles et ceux qui vivent d’amour semblent porter beaucoup de fruits,

parce que l’amour non seulement transcende, mais l’amour pousse

toujours en avant, il fait sauter les obstacles avec plus de légèreté.

L’amour efface, l’amour transforme, l’amour sublime.

Je crois en effet que l’amour ne peux pas connaitre de mesure, il est

comme Dieu, on ne peut le mesurer, le peser, le saisir, en dire la couleur

ou la forme, même si les symboles tels les petits cœurs rouges des

amoureux, séduisent toutes celles et ceux qui veulent le manifester sous

cette forme écrite.

L’auteur de la première lettre aux Corinthiens a tenté, quant à lui, de

nous dire ce que l’amour ne fait pas et aussi ce qu’il fait spontanément.

Les frangines, ce duo de jeunes femmes, que l’on a entendu sur les

ondes, chantent telles des troubadours d’aujourd’hui, leur adaptation de

Corinthiens 13, elle chantent :

J'aurais beau parler les langues du monde

J'aurais beau être un gagnant

J'aurais beau n'être pas des gens de l'ombre

J'aurais beau être puissant

Donnez-moi l'automne, donnez-moi moi du temps, donnez-moi de l'été

Donnez-moi de l'art, donnez du printemps, donnez de la beauté

Donnez-moi de l'or, donnez de l'argent, donnez-moi un voilier

Si je m'aime pas, si je t'aime pas, ça sert à quoi ?

À quoi bon les honneurs et la gloire

Si je m'aime pas, si je t'aime pas, ça rime à quoi ?

Sans amour nos vies sont dérisoires

J'aurais beau plaire et conquérir la Terre

J'aurais beau être un Don Juan

4

J'aurais beau faire la plus belle carrière

J'aurais beau être important

Donnez-moi l'automne, donnez-moi moi du temps, donnez-moi de l'été

Donnez-moi de l'art, donnez du printemps, donnez de la beauté

Donnez-moi de l'or, donnez de l'argent, donnez-moi un voilier

Si je m'aime pas, si je t'aime pas, ça sert à quoi ?

À quoi bon les honneurs et la gloire

Si je m'aime pas, si je t'aime pas, ça rime à quoi ?

Sans amour nos vies sont dérisoires

Aimer c'est recevoir

Et savoir tout donner

C’est s'oublier et voir

Ce qu'on a oublié

S’oublier : Quand l’égo est trop fort et a pris toute la place.

Ce qu’on a oublié …

Ce qu’on oublie souvent ! Pourquoi ? Parce que l’amour nous a

échappé ? Cet oubli me fait penser à un autre oubli…

Oublie comme « oublie de l’être » cher à Martin Heidegger.

Ne croyez-vous pas que : Être et Aimer sont consubstantiels ? Quand le

Jésus de Jean dit : « Demeurez dans mon amour », n’est-ce pas là une

recommandation essentielle ? Demeurer… n’est-ce pas là une

recommandation existentielle ? Aimer, n’est-ce pas là une

recommandation existentielle et essentielle ?

L’Ermite de la forêt noire qui m’inspire, plus qu’il ne faudrait, parle

dans : « Être et Temps », son ouvrage majeur, mais aussi dans sa lettre

sur l’humanisme, …il parle de l’homme comme révélant la demeure de

l’Être grâce au langage qui lui est propre. L’homme habitant l’être, car

demeurer, s’abriter, habiter, Être c’est tout un !

Quelle est donc alors la demeure de l’amour ?

Il parle de l’homme comme le berger de l’être, n’est-il pas aussi le

berger de l’amour ?

5

Si l’homme peut être la demeure de l’Être-là, pourquoi a-t-il tant de mal

à être la demeure de l’amour ? N’a-t-il pas oublié qu’il est le fruit de

l’amour, quand il y a eu amour ? N’a-t-il pas oublié ce qui lui est

consubstantiel ? l’amour ?

Être là… c’est ne pas tourner le dos à l’amour !

L’homme est le seul capable de révéler l’Être, mais il est aussi le seul

capable de révéler l’Amour.

La demeure de l’être c’est l’homme, la demeure de l’amour c’est

l’homme aussi.

C’est difficile de voir et de comprendre face à tant d’oublis de l’amour

comme l’un des premiers principes humains. Car Être (ou Être là) et

amour se substituent l’un à l’autre quand on le pense bien.

« Demeurez dans mon amour » c’est entrer et rester dans les pas d’une

spiritualité fondamentale, existentielle et revigorante…Deux

conceptions fortes : Demeurer et Aimer.

C’est une spiritualité revigorante parce que l’amour restaure, il répare,

il consolide, il renforce…et j’allais dire il rend fort…le contraire

affaiblit et détruit, il avilie.

Nous avons besoin d’amour pour Être et durer ! Sans l’amour, l’être

s’en va à sa ruine. Il perd de sa consistance et rejoint pas à pas le néant

qui l’attend désormais.

Car l’amour, tout amour a besoin de l’être. Ils ne s’y sont pas trompés

celles et ceux qui parlent de l’être cher, de l’être aimé, surtout quand

ils le perdent.

Cet encouragement du Jésus de Jean, a tout à fait sa pertinence et encore

plus dans nos Eglises.

Cet amour nous porte, il nous transfigure, et il nous fait le porter au-delà

des limites imposées par le monde et aussi par le temps.

Les amoureux le savent bien, l’amour donne des ailes ! J’allais dire il

donne ses ailes. Il fait disparaitre tout ce qui autrement nous ferait

obstacle.

6

Nous avons encore beaucoup d’amour à expérimenter dans nos

échanges œcuméniques notamment, mais pas là seulement, le rendez-vous

de l’amour nous attend partout et en tout temps, pour le temps qui

est le nôtre.

Le temps rend possible l’être et l’amour. Sans temps, il n’y a plus

d’être et d’amour possible.

Nous devons profiter du temps qui nous est imparti pour manifester tout

l’amour que nous pouvons donner et recevoir. Car nous sommes la

manifestation de l’être-là, d’être-là. Qu’en est-il de notre manifestation

de l’amour ? Le Temps lui seul, est la limite à nos manifestations :

d’être et d’aimer.

Le Jésus des Evangiles a interpellé au moins dans les synoptiques, que

le temps est compté, notre temps. Il manquait à Heidegger de nous

parler d’amour comme Jésus, c’est sans doute son oublie à lui, ce matin

j’ai voulu établir ce lien fort me semble-t-il entre : Être, Temps et

Amour. Qu’un des trois nous manque et tout s’effondre.

Du moins c’est ce que je crois et je vous le partage…

« Demeurez dans mon amour et vous porterez du fruit en abondance »

Et vous qu’en pensez-vous ?

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